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Trahis par les siens…

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Roland Lumumba, qui tient la photo de son illustre père. Crédit photo: LA PRESSE

Depuis quelques semaines, j’étudie la vie de certains leaders africains tels que Modibo Keïta, Kwame N’Krumah, Patrice Lubumba et Thomas Sankara.

Ces personnalités avaient un idéal pour leur nation, voire même leur continent mais malheureusement ils n’ont pas pu l’atteindre faute d’être mal perçu ou compris par « les siens », c’est à dire leur « communauté ».

Je me rappelle encore du Discours de Thomas Sankara à la vingt-cinquième Conférence au sommet des pays membres de l’OUA (Organisation de l’unité africaine), le 29 juillet 1987 à Addis-Abeba (Éthiopie) dont voici un extrait:

Les origines de la dette remontent aux origines du colonialisme. Ceux qui nous ont prêté de l’argent, ce sont eux qui nous ont colonisés. Ce sont les mêmes qui géraient nos Etats et nos économies. Ce sont les colonisateurs qui endettaient l’Afrique auprès des bailleurs de fonds, leurs frères et cousins.Nous sommes étrangers à cette dette. Nous ne pouvons donc pas la payer. La dette c’est encore le néo-colonialisme ou les colonialistes qui se sont transformés en « assistants techniques ». En fait, nous devrions dire en assassins techniques. Et ce sont eux qui nous ont proposé des sources de financement, des « bailleurs de fonds ». Un terme que l’on emploie chaque jour comme s’il y avait des hommes dont le « bâillement » suffirait à créer le développement chez d’autres. Nous nous sommes endettés pour cinquante ans, soixante ans et même plus. C’est-à-dire que l’on nous a amenés à compromettre nos peuples pendant cinquante ans et plus.

 La dette ne peut pas être remboursée parce que d’abord si nous ne payons pas, nos bailleurs de fonds ne mourront pas. Soyons-en sûrs. Par contre si nous payons, c’est nous qui allons mourir. Soyons-en sûrs également. [Applaudissements]

Nous ne pouvons pas payer la dette parce qu’au contraire les autres nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront jamais payer, c’est-à-dire la dette de sang. C’est notre sang qui a été versé. On parle du Plan Marshall qui a refait l’Europe économique. Mais l’on ne parle pas du Plan africain qui a permis à l’Europe de faire face aux hordes hitlériennes lorsque leurs économies étaient menacées, leurs stabilités étaient menacées. Qui a sauvé l’Europe ? C’est l’Afrique. On en parle très peu. On en parle si peu que nous ne pouvons, nous, être complices de ce silence ingrat. Si les autres ne peuvent pas chanter nos louanges, nous avons au moins le devoir de dire que nos pères furent courageux et que nos anciens combattants ont sauvé l’Europe et finalement ont permis au monde de se débarrasser du nazisme.

Il y a crise aujourd’hui parce que les masses refusent que les richesses soient concentrées entre les mains de quelques individus. Il y a crise parce que quelques individus déposent dans des banques à l’étranger des sommes colossales qui suffiraient à développer l’Afrique. Il y a crise parce que face à ces richesses individuelles que l’on peut nommer, les masses populaires refusent de vivre dans les ghettos et les bas-quartiers.

Si le Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la prochaine conférence ! Par contre, avec le soutien de tous, dont j’ai grand besoin, [Applaudissements] avec le soutien de tous, nous pourrons éviter de payer. Et en évitant de payer nous pourrons consacrer nos maigres ressources à notre développement. Chaque fois qu’un pays africain achète une arme c’est contre un Africain. Ce n’est pas contre un Européen. Ce n’est pas contre un pays asiatique. Par conséquent nous devons également dans la lancée de la résolution de la question de la dette trouver une solution au problème de l’armement. Je suis militaire et je porte une arme. Mais Monsieur le président, je voudrais que nous nous désarmions. Parce que moi je porte l’unique arme que je possède. D’autres ont camouflé les armes qu’ils ont. [Rires et applaudissements]

Nous avons suffisamment de capacité intellectuelle pour créer ou tout au moins prendre la technologie et la science partout où nous pouvons les trouver.

Faisons en sorte également que le marché africain soit le marché des Africains. Produire en Afrique, transformer en Afrique, et consommer en Afrique. Produisons ce dont nous avons besoin et consommons ce que nous produisons au lieu de l’importer.

… je voudrais simplement dire que nous devons accepter de vivre africain. C’est la seule façon de vivre libre et de vivre digne.

Je vous remercie, Monsieur le président.

La patrie ou la mort, nous vaincrons !

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Crédit photo: Madior Sow-Ouakara

Ce discours discours empreint de vérité, de sincérité et d’humour dérangeait plus d’un dans la salle. Rien que les applaudissements nous font comprendre que « les siens » très très hypocrites n’étaient pas bien loin.

La preuve, Thomas Isidore Noël Sankara sera assassiné deux mois plus tard, précisément le 15 octobre 1987  lors d’un coup d’État qui amena au pouvoir Blaise Compaoré.

Cela ne fait que confirmer ce que beaucoup avaient déjà  dit à l’instar du chanteur Alpha Blondy dans son tube:   « Les ennemis de l’Afrique ce sont les Africains«  c’est à dire « les siens » ou la soit disante « communauté ».

Or le bon sens aurait voulu que ces leaders soient soutenus par « les siens » ou « communauté » mais hélas c’est le contraire qui s’est plutôt produit. C’est aussi cela qui fait la particularité de l’Afrique, quand tu veux grimper, évoluer, tu auras toujours des personnes qui chercheront à te ramener au point de départ.

Tout simplement parce que tout le monde veut ta place même s’il faut vendre son âme au diable ou réaliser l’impossible pour l’avoir.

Si pour avoir exprimé leurs idées ou dis leurs ambitions qui n’étaient toujours pas en harmonie avec ceux de l’occident, ces leaders ont été tués, emprisonnés ou simplement réduits au silence; c’est que le « changement n’est pas pour maintenant » en Afrique encore sous le joug de l’esclavage des multinationales ou de certains états très très puissants avec pour complicité toujours les proches.

Voilà pourquoi un adage très connu est souvent cité par les leaders d’opinion sous nos cieux: « j’ai plus peur de mes amis que de mon ennemis ».

Le défaut de ces leaders, a été de faire facilement confiance aux gens de leur communauté mais hélas le constat est là et une certaine prudence doit être prise par les générations futures, ne pas faire confiance à tout le monde.

Faire très attention « aux siens », s’ouvrir avec sagesse et discernement à la communauté tout simplement parce que cette dernière veut nous faire enfermer a jamais si l’occasion s’y prête.

Le jour où les africains comprendront que le vrai sens de « Ubuntu », alors commencera le vrai développement du continent.

Puisse l’esprit « Ubuntu » être la vision des communautés africaines en particulier et de tous les africains en générale.

Ubuntu: désignant une personne sachant que ce qu’elle est est intimement lié à ce que sont les autres, donc il est parfois traduit en l’appliquant au « je » : « Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous ». C’est un concept fondamental de la philosophie de la réconciliation développée par Desmond Mpilo Tutu avec l’abolition de l’apartheid. Ce mot signifie aussi en kinyarwanda, la langue rwandaise, et en kirundi, la langue burundaise, « humanité », « générosité » ou « gratuité ».

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Merci à Rita Fourlin une fidèle lectrice et Madior Sow pour le dessin sur Sankara et mon avatar.

Sources:

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1 Comment

  • 29 janvier 2015 at 17 h 28 min

    […] conscience africaine, raceOui nous sommes trahis par les nôtres ! Vendredi matin, je lisais un billet de Cyriac Gbogbou  et je convenais avec Julie Owono qu’il fallait classer ce billet dans la catégorie […]

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